Les 5 milliards de Cellou ou la fa(r)ce honteuse de l’opposition guinéenne?

La classe politique guinéenne frémit. Elle tremble de tout son corps depuis l’annonce des 5 milliards de francs guinéens que le Chef de file de l’opposition devra empocher pour le bon fonctionnement de son institution.  Des désapprobations aux cris de trahisons, les opposants guinéens sont passés, ces derniers temps, par toutes les émotions. Eux, que tout semblait unir jusqu’ici mais que l’argent est entrain désormais de diviser. Inexorablement.  

Reis Mirdita a raison lorsqu’il écrit : «la politique a deux vecteurs: l’enrichissement matériel et l’appauvrissement moral ». Ces mots n’ont jamais été aussi évidents que dans la crise de confiance qui entoure actuellement l’affaire des 5 milliards en Guinée. Rarement il y a eu autant de controverses, autant de logorrhées  et d’empoignades   autour d’un  »remous » financier. Les opposants, s’ils sont, à une unanimité près, nombreux à pourfendre la gestion d’Alpha Condé, ce semblant de consensus  semble désormais voler en éclats depuis l’annonce de ce  montant « destiné » au chef de file de l’opposition. Partout dans les médias, au cours des assemblées générales, le sujet bouscule l’essentiel et vire désormais au  psychodrame national, du moins dans les rangs de l’opposition.

Alors que les cadres de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) cherchent à contenir la vague qui écume le navire,  certains du même bord  dénoncent une « accointance » que le chef de file de l’oppositon serait entrain de tisser avec le pouvoir ; les autres vont jusqu’à réclamer que Dalein ne touche pas ce montant « empoisonné » et « piégé ». Des éclaboussures qui fusent de partout y compris dans l’opposition dont certains ténors n’hésitent pas à crier leur surprise, leur incompréhension et même demander des comptes à leur chef de file. Certes, pour eux, Dalein est entrain de pactiser avec le diable mais sur le fond et derrière chacune des interventions que nous avons entendues, transparaît clairement un dépit : celui de voir un pactole aussi consistant leur passer sous le nez et atterrir dans l’escarcelle de leur homologue. Cela est d’autant plus incompréhensible que celui à qui ils font procès aura contribué à l’ascension de beaucoup d’entre eux ; ils l’ont surtout soutenu becs et ongles même lorsque ce dernier était accusé de braver l’autorité de l’Etat en tenant des manifestations parfois interdites et même d’avoir violé la constitution avec l’adoption du nouveau code électoral. Oui il était beau à l’époque. Il était même le sauveur. Mais aujourd’hui beaucoup retournent leurs vestes parce que l’argent est en jeu. Certains pensent même  que le montant  est faramineux et qu’il devrait servir à autre chose qu’à entretenir un homme politique. Mais rares-  voire aucun-  sont ceux, parmi eux, qui peuvent convaincre qu’ils y renonceraient si c’étaient eux à la place de Dalein. Tout compte fait, le peuple aurait du mal à les croire tant l’égocentrisme, le mensonge, la corruption et le matérialisme restent la chose la mieux partagée par la classe politique guinéenne.  

En se désolidarisant donc de Cellou Dalein Diallo et en le clouant même parfois au pilori, cette opposition étale au grand jour son inclination pour le bien-être personnel au détriment de celui des citoyens guinéens. Parce que cette nouvelle polémique des chiffonniers intervient alors que le pays attend, fiévreux, la tenue des élections communales et communautaires. Une échéance incessamment reportée alors qu’elle est nécessaire à la consolidation de la démocratie et à  l’ouverture d’une nouvelle parenthèse de gestion en Guinée. Mais ce sujet, aussi important que déterminant, semble désormais rangé dans les placards ; les yeux étant rivés sur les 5 milliards de francs guinéens qui font saliver et même baver dans la cité. Pour l’essentiel, le pouvoir a mis de l’argent dans l’opposition pour la fragiliser davantage. Pour le reste et pour la postérité, cette même opposition est entrain de jouer le jeu au risque d’effriter un peu plus le socle de ses assises et de ses convictions.  

Camara  Ibrahima Sory

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