Son parcours, ses ambitions, AMAFO-GUINÉE, … Amadou Kourouma se confie ( Exclusivité )

Il est de ceux qui pensent, qui soutiennent, qui sont convaincus que le présent et l’avenir se bâtissent sur le socle de l’entrepreneuriat. A la tête d’un groupe à cinq filiales, Amadou Kourouma, défend, chevillées au corps et à l’âme, les vertus de l’entrepreneuriat. Une série d’activités économiques qui lui permettent aujourd’hui de créer de la valeur, de l’emploi pour les Guinéens et de dupliquer savoirs et expériences. Dans cette interview – vérité, le PDG du groupe AMAFO-GUINEE évoque son parcours exemplaire, ses ambitions pour une Guinée prospère et les secrets qui font de lui l’un des plus grands et passionnés entrepreneurs du pays. A cœur ouvert !

www.ledeclic.info : qu’est-ce qu’on peut retenir du parcours du PDG de AMAFO-GUINEE ?

Amadou Kourouma : Je suis un jeune venu de la Guinée forestière,  précisément de Beyla. Je suis né d’un père commerçant et d’une mère ménagère.  Né dans les années 1980. Je suis venu à l’issue de mon admission au Bac 2009 pour l’université à Conakry.  J’ai fini mon cursus universitaire en 2013 et j’ai fait une année en Master.  Après je me suis lancé dans l’entrepreneuriat pour un premier temps, dans lequel j’ai passé une année et demi. Mais j’ai compris que je n’étais pas fait pour travailler pour l’autre. C’est ainsi que j’ai décidé de lancer une première entreprise ;  ma première d’ailleurs qu’on appelle Oulada pêche,  qui est restée dans le monde de la pêche industrielle jusqu’en 2021. Avec une vision large,  j’ai décidé de créer une autre entreprise pour pouvoir associer non seulement l’agriculture,  la construction,  les BTP,  les services financiers, la formation et le transport. Donc, c’est cette entreprise que nous avons créée et nous nous sommes dit maintenant,  au lieu de continuer d’être Oulada ou Amafo,  il faut fusionner en un groupe, avec plusieurs filiales. C’est pourquoi, le groupe Amafo, à date, compte cinq filiales que je dirige. Il y a Amafo Guinée SARLU, Oulada pêche, AB Guinée,  Amafo production, il y a Amafo Technologie que nous avons créée il y a juste  quelques jours.

Pourquoi toutes ces filiales ?

 La mise en place de toutes ces entreprises relève d’une ambition qui est de donner la chance à la jeunesse guinéenne de prouver son savoir-faire,  son potentiel humain. Notre ambition n’est donc pas liée ici à favoriser la famille ou les parents,  mais plutôt à faire la promotion de l’excellence.

Pourquoi avoir choisi le chemin de l’entrepreneuriat ?

Comme le dit une expression traditionnelle, un forgeron ne peut mettre au monde qu’un forgeron, quand l’enfant d’un tisserand devient tisserand  ou celui d’un cultivateur devient cultivateur, ça ne peut pas étonner le monde. Donc j’ai vu mon papa dans l’entrepreneuriat. Il m’a élevé dans ça.  Tout comme ma maman. Bien qu’elle soit ménagère, elle était une femme commerçante, qui se battait pour le bonheur et le bien-être de sa famille. Comme pour vous dire que je suis né entrepreneur,  je me suis pas vu dedans.  Je l’ai appris de mes parents. 

Comme on le voit, vous portez aujourd’hui l’ADN d’un entrepreneur passionné et dévoué.  Quels sont vos objectifs ?

Mes objectifs ?  Ils sont énormes. L’ambition est  d’embrasser tous les secteurs d’activités de notre pays.  Nous voulons nous intéresser aux secteurs porteurs de croissance économique. Pour cela, nous voulons avoir une entreprise dans tous ces secteurs. Déjà on est entrain de penser à l’ouverture de AMAFO-GUINEE en Côte d’Ivoire en 2024, notamment dès les mois de janvier et février. J’ai déjà fini les études de prospection. Je pense que la Côte d’Ivoire est un bon marché aujourd’hui. Et dès le mois de juin 2024, nous penserons aussi à ouvrir les bureaux au Sénégal. 

Vous êtes considéré comme une référence dans le domaine de l’entrepreneuriat. Comment vous êtes arrivé à ce niveau ? Quels sont vos secrets ?

Il y a pas de secret, j’aime dire ça. Ma maman, qui reste ma référence, m’a appris toujours, et cela avec beaucoup de valeurs morales et sociales, que, quel que soit ce que vous gagnez sur cette terre, la finalité, vous allez vous retrouver dans la tombe. C’est la mort qui va mettre fin à tout. En cela, elle me fait comprendre qu’il ne sert à rien de se prendre la tête avec les gens. Ce que tu ne peux gagner en étant accessible aux gens, tu ne peux gagner en t’enfermant. Parce que quand tu es accessible, tu es informé,  tu es formé et tu es préparé.  En acceptant d’écouter les autres,  de les rencontrer, tu apprends beaucoup plus d’eux.  Donc, je pense que si j’ai un secret dans la vie, c’est mon accessibilité. C’est pourquoi j’organise bien les rendez-vous afin que, quand les gens viennent, qu’ils ne traînent pas dans la salle d’attente, que je les reçoive aussitôt possible, et qu’on puisse discuter dans de meilleurs sentiments.  Certes, on ne peut pas donner de l’argent à tout le monde, mais le fait d’être ouvert à tout le monde, ça fait déjà que les gens vont t’aimer naturellement.

Parlons maintenant de votre groupe. Comment est né le groupe AMAFO-GUINEE ?

Parlant de Amafo : un jour j’étais assis, alors que je n’avais pas encore acheté une maison, je voulais  un bâtiment en location. J’ai donné de l’argent à un jeune pour aller me trouver la maison. Il est parti verser de l’argent, car il était un agent immobilier. Mais toutes les dates qu’ils m’ont données pour habiter là, le logement  n’était pas prêt.  Et comme le  temps pressait,  j’ai laissé cet argent avec eux, j’ai trouvé une autre opportunité. Moi-même je suis venu  verser l’argent- là.  Ensuite,  j’ai appelé l’agent et lui ai dit que ce n’était plus la peine  parce que j’avais trouvé une maison quelque part. Donc après, il m’a ramené l’argent intact, au complet, sans rien diminuer. Voilà qui fut a l’origine de notre rapprochement. On a discuté. Je lui ai demandé : qu’est-ce que tu fais ?  Il me dit qu’il est un  agent immobilier. Je lui ai répondu : il me semble que tu es une personne honnête. Donc je veux que tu me parles bien de ton service. Il m’a beaucoup parlé. Moi, avec la vision et l’idée de créer une entreprise agricole, des grands projets, j’ai dit que je vais mettre BTP dedans pour qu’il gère tout ce qui est immobilier dans l’entreprise.   Donc, ce jour, il est venu me trouver dans le bureau, on était  entrain de trouver un nom pour l’entreprise. Lui s’appelle Fodé et moi Amadou. On  a dit : et si on associait les deux noms pour en faire une identité de l’entreprise. C’est ainsi qu’on a fait AMAFO-GUINEE SARL. Ah c’était très bien, ça sentait très bien. Donc on a dit, on retient ça : Amadou et Fodé. Mais, vous savez, quand vous avez des ambitions grandes et démesurées,  vous êtes avec des gens qui ne voient pas souvent la vie comme vous, c’est difficile d’aller d’ensemble.  Lui, voulait juste quelque chose de modeste et de facile. Et donc, un jour, il m’a dit :  vraiment, c’est pas ça je voulais, moi je préfère quitter l’entreprise. Alors on a fait les documents. On a modifié les papiers en 2022. J’ai donc acquis les 20% qu’il détenait,  que je lui avais accordés dans l’entreprise,  et tout m’est revenu. Mais pour ne pas changer le sigle de l’entreprise,  j’ai réfléchi, j’ai réfléchi, comment enlever son nom dessus. Après moult réflexions,  j’ai mis dans le nouveau document, AMADOU ET FILS ORGANISATION – AMAFO. On n’a donc pas changé le nom. Juste le statut qui change. 

Quels sont donc les objectifs de l’entreprise ?

Lorsque nous avons créé l’entreprise, nous avons mis  beaucoup d’objectifs à l’interne,  comme le BTP, le transport, la construction, le transit. On avait beaucoup d’objectifs.  Mais, moi, dans mon idée,  je me disais à chaque fois, quand j’évolue, au lieu de garder l’argent à la banque, je vais ouvrir une filiale,  prendre de jeunes guinéens, les mettre dedans. D’abord on a créé le groupe, et le nom est revenu au groupe. Ensuite, on a commencé à détacher,  et nous allons continuer à détacher. Bientôt vous allez voir AMAFO mécanique, avec des  garages modernes capables de faire tous types de réparation, AMAFO Électricité….bref, nous voulons et nous allons toucher tous les secteurs socioéconomiques et techniques  de la vie, avec pour idéal, de contribuer à employer le maximum de Guinéens. Et je puis vous rassurer,  à date, comme exemple,  en janvier 2023, la grille salariale des travailleurs de AMAFO était à 5.500.000 de francs guinéens. Aujourd’hui, nous sommes à 305 millions Gnf comme masse salariale.  Vous avez vu la différence. Alors l’idée n’est pas de garder l’argent, mais de permettre aux Guinéens de vivre de leur salaire et de changer leurs conditions de vie. Telle est l’essence de AMAFO-GUINEE.

Quelles sont les activités réalisées et les résultats que vous avez aujourd’hui sur le terrain ?

Pour l’instant nous avons un contrat avec le ministère de l’agriculture.  Nous sommes également sous contrat avec l’entreprise Rio Tinto. Nous avons beaucoup avancé avec le ministère de la Défense nationale aussi. Nous sommes sous contrat à date,  avec le ministère des TP. Et nous sommes entrain de finir un projet de construction d’une mini cité avec Orange Guinée pour ses travailleurs. Et aussi, nous sommes très avancés avec nos partenaires extérieurs,  pour de futurs contrats qui vont arriver très bientôt en 2024. Donc nous sommes entrain de nous préparer sur toutes les lignes, car les années prochaines, nous nous attendons à faire beaucoup de choses. 

Quels sont les défis qui se posent aujourd’hui à vous et à votre groupe ?

Les défis d’un entrepreneur, c’est tous les jours. Parce que, entre ce que vous avez et ce que vous voulez,  l’écart est énorme.  Pour l’instant, on ne peut pas dire qu’on a une trésorerie,  nous sommes seulement dans les investissements. On n’a pas de trésorerie capable de nous soutenir pour un ou deux ans. Donc les défis sont énormes, parce qu’il faut se faire la trésorerie pour se dire oui maintenant ça va. Mais, moi je me dis, l’entrepreneuriat, ce sont aussi des objectifs comme ça. Ça ne vient pas un beau matin, ça prend du temps. C’est des choses qu’il faut bien mûrir, qu’il faut vraiment bien planifier. J’ai un ami aussi à Hongkong (Chine ) qui est devenu le moteur financier de AMAFO. Tout ce qui nous arrive aujourd’hui, nous, nous sommes dans le management, mais en grande partie, il en est pour beaucoup,  parce qu’il nous a fait confiance sans nous rencontrer. Et il a mis les fonds nécessaires pour faire fonctionner la boîte. Aujourd’hui, tous les jours, il n’arrête pas de dire qu’il est fier de tout ce qu’on est entrain d’accomplir.

Justement dans le cadre de financement, comment l’entreprise finance ses activités ?

Comme je vous ai dit, c’est un ami qui est quelque part, qui nous a fait confiance. Donc pratiquement, à chaque fois je mets 50%, mon ami -là aussi met 50%. Et ça nous permet vraiment d’exister et de fonctionner surtout. 

Quelles sont vos ambitions pour le futur ? Les perspectives ?

Les perspectives sont déjà en cours. Comme je vous ai dit, l’année prochaine, nous serons en Côte d’Ivoire. Les autres années qui suivent également  nous comptons aller beaucoup plus loin que ça.  Parce qu’on ne veut pas se limiter là. Nous voulons faire du nom de la Guinée un tremplin vers son progrès, faire du nom de la Guinée un véritable nom, vendre la Guinée. Et c’est possible.

Votre message pour les jeunes et nos lecteurs …

D’abord, c’est de  remercier la presse guinéenne. J’aime à le dire souvent. Ce n’est pas nous qui avons fait de AMAFO ce qu’elle est entrain de devenir aujourd’hui. C’est la presse. Donc je ne cesse de les remercier. Ils ont été là pour nous, et aussi, ils peuvent compter sur nous. Parce que la presse nous a vendus positivement, la presse nous a montrés par notre sérieux.  Si aujourd’hui,  on a un trophée panafricain, c’est parce qu’elle a su vendre nos produits au grand public. Et la main sur le cœur, de ma voix et de celle de tous les travailleurs, nous disons un grand merci à la presse guinéenne. Enfin, comme déjà , c’est ce qu’on nous cherchons à projeter, c’est de dire aux jeunes que c’est possible de naître et de réussir en Guinée, sans faire de grandes études. Quand on a la confiance en soi, l’abnégation, Dieu peut nous ouvrir les portes. C’est ce que nous cherchons à montrer. 

Propos recueillis par Gassime Fofana

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