Portrait : qui est Miguel Diaz-Canel, le futur dirigeant cubain ?

Jeudi, l’Assemblée nationale cubaine doit désigner un successeur au président Raùl Castro, 86 ans. Né après la révolution de 1959, Miguel Diaz-Canel fait figure de grandissime favori. 

Il est sur le point de devenir le nouvel homme fort de La Havane. Qui plus est un dirigeant cubain qui pour la première fois depuis 60 ans ne portera pas un patronyme indélébile de l’Histoire moderne de l’île : Castro. A bientôt 58 ans, Miguel Diaz-Canel n’en est pas moins un apparatchik du parti.

L’homme qui devrait devenir jeudi le prochain président de Cuba appartient à cette nouvelle génération de dirigeants communistes favorables à la modernisation du régime amorcée par Raùl, sur le départ après 10 ans de pouvoir. Actuellement Premier vice-président des Conseils d’État et des ministres, Miguel Diaz-Canel serait ainsi le premier dirigeant né après la révolution de 1959. De surcroît un civil, une première…

“Il y aura une part de renouveau, mais aussi de continuité”

“Il y aura une part de renouveau, mais aussi de continuité”, prévenait récemment un des cadres du régime, le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez. Raul Castro accompagnera son successeur en gardant la main sur le puissant Parti communiste de Cuba (PCC). Le président sortant ne quittera en effet le pouvoir qu’au prochain congrès prévu pour 2021. 

Le nouveau visage de Cuba, orné d’une chevelure poivre et sel, a gravi durant 30 ans les échelons du pouvoir dans son ombre, s’en attirant les bonnes grâces au passage. En 2013, à la surprise générale, il est nommé nouveau bras droit de Raùl, le désignant de facto comme l’héritier putatif du régime.

Défenseur des droits LGBT

Aux antipodes des treillis militaires de ses prédécesseurs, Miguel Diaz-Canel détone dans le paysage politique cubain. L’énigmatique dauphin aimerait ainsi la musique rock et aurait porté les cheveux longs. Autres faits d’armes porté à son actif, alors qu’il n’était encore qu’un jeune chef du Parti de province, il s’illustre en soutenant un centre culturel favorable aux LGBT. Et ce, en prenant le contre-pied du Parti communiste de l’époque.

Devenu dirigeant national, Miguel Diaz-Canel appelle à une couverture plus critique des événements par les médias d’État. Dans une société cloisonnée, il se dit aussi favorable un accès plus large à internet des Cubains. 

“Sa proximité avec les citoyens est sa marque de fabrique”, déclare Ramon Silverio, 69 ans, propriétaire du centre culturel El Mejunje (Le mélange) de Santa Clara qui organise des soirées lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres (LGBT). Il se souvient que Miguel Diaz-Canel a soutenu El Mejunje à une époque où l’homophobie était monnaie courante au sein du PC.

Un “homme du peuple”

En public, Miguel Diaz-Canel montre une attitude réservée, mais les habitants de Villa Clara, sa province natale, parlent d’un “homme du peuple” sympathique et qui agit. Le président pressenti a grandi dans une modeste maison à la façade effritée, au sein d’un des quartiers les plus défavorisés de la capitale provinciale.

Ingénieur électronicien de formation et élève brillant, selon un ancien professeur, il a enseigné à l’université avant d’entamer une carrière politique. Il devient chef du parti à Villa Clara pendant la crise économique cubaine des années 1990 après l’effondrement de l’allié soviétique.

Un candidat énigmatique et consensuel

Mais Miguel Diaz-Canel apparaît surtout comme un candidat de consensus. Ses récentes déclarations publiques ont mis l’accent sur le besoin de continuité et la nécessité de lutter contre l’impérialisme. Le message, rebattu et prononcé sur le ton de la provocation, intervient à un moment de tension renouvelée avec les États-Unis depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.

Qui est alors réellement Miguel Diaz-Canel ? Un homme discret certes, loyal à la ligne politique du régime, mais surtout prudent. Ses véritables opinions politiques restent fondamentalement une énigme et le quinquagénaire a toujours évité de se mettre trop en avant. Une stratégie raisonnable au vue du destin politique d’autres prétendants au poste dont la carrière a pris soudainement fin au bon vouloir des Castro. La dictature cubaine, aussi ouverte qu’elle veuille le laisser paraître, reste susceptible quand il s’agit de remettre en cause le régime… 

M6

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