« La sécurité mondiale est fragile face à la montée du terrorisme »

Dans cette interview, Saibou Fofana, consultant en sécurité humaine, analyste des risques et moniteur-terrain CEDEAO, porte son regard sur la sécurité mondiale et régionale face aux mouvements terroristes, aux maladies ainsi que la vente des armes. Il préconise, par la même occasion, un plan pour minimiser les menaces qui pèsent sur la sécurité en Afrique de l’Ouest notamment.

Ledeclic.info : quelle analyse faites – vous de la sécurité internationale face aux mouvements terroristes et aux violences ?

Fofana Saibou : C’est une question très préoccupante, parce que parler de la sécurité mondiale, c’est aussi parler de la sécurité globale, impliquant non seulement les institutions régionales et sous-régionales, et les programmes ainsi que les ONG. Tout cela est coordonné par le Conseil de sécurité des Nations unies. La sécurité internationale, qui est aujourd’hui précaire, s’explique non seulement par la montée du terrorisme, mais aussi par des violences et des maladies, telles que nous les connaissons aujourd’hui avec la Covid-19, qui éprouvé le système sanitaire mondial. Alors le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau. C’est un fait que le monde regrette depuis le 11 septembre 2001, qui se traduit par l’attaque du World Trade Center, aux États-Unis. Cela a poussé le monde à comprendre à tel point la sécurité mondiale est encore précaire et fragile, parce que, avec tous les moyens que possèdent les Etats-Unis, et qu’une telle attaque puisse réussir et laisser une trace indélébile dans l’histoire américaine, c’est un fait qui ne peut pas passer sous silence.

Parlant de la CEDEAO, qui est une institution sous -régionale, qu’est-ce qu’on peut retenir de ses efforts dans la lutte contre le terrorisme ?

Nous avons tout récemment reçu le rapport de la CEDEAO qui fait état d’environ 4.000 morts depuis 2019. Ce rapport alarmant nous montre qu’en Afrique de l’Ouest, malgré les efforts de cette institution avec un plan d’action de lutte contre le terrorisme, le grand banditisme, les armes légères et de petits calibres, rien n’a pas pu effrayer les djihadistes et les criminels.

À votre avis, qu’est-ce qui empêche alors la CEDEAO de réaliser son objectif de sécurité ouest – africaine ?

La CEDEAO est aujourd’hui un système dynamique, mais précaire à cause de la non implication effective des États membres, et surtout s’agissant de la contribution annuelle que chaque membre doit payer. Donc, je dirai bien que la sécurité est fragile, cela du point de vue du terrorisme, du grand banditisme et des maladies, mais aussi enfin la vente des armes.

Malgré ces difficultés, quelles sont les démarches en cours au niveau de la CEDEAO pour changer la donne et assurer la sécurité dans la zone ?

Je dirai que la sécurité mondiale est fragile, mais pour le cas de l’Afrique de l’Ouest, que je maîtrise, je dirai bien qu’aujourd’hui la CEDEAO est entrain de redynamiser son plan d’action adopté en 2019, afin d’inviter les Etats membres au paiement obligatoire des cotisations, qui permettent à la CEDEAO de faire fonctionner ses programmes de défense et de sécurité interne. Que ces cotisations soient donc payées pour permettre à l’institution sous -régionale de garantir la sécurité dans son espace, la libre circulation, d’observer et de surveiller tous les produits qui circulent et d’éradiquer la vente des armes légères et de petits calibres.

La sécurité est de nos jours l’une des conditions essentielles pour le développement d’un pays. Selon vous, que faut-il pour maintenir la sécurité dans le monde et en Afrique en particulier ?

Il faut que tous les programmes coordonnés par le Conseil de sécurité, incluant les programmes régionaux et sous -régionaux, les programmes spéciaux et les ONG soutiennent et accompagnent effectivement les Etats qui sont aujourd’hui au bord de ces menaces, pour qu’ensemble le terrorisme ne soit pas le quotidien de nos populations. Parce qu’aujourd’hui le terrorisme et la pandémie de Covid-19 constituent le malheur du siècle, un malheur pour l’humanité et un malheur face à la sécurité internationale.

Propos  recueillis  par Gassime Fofana

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