Éducation nationale : le mal guinéen ( Par Moïse Sidibé)

Malgré les dispositions draconiennes prises par les services Examens à différents niveaux et malgré les résultats de faibles admissions cette année, nombre d’observateurs à distance ont crié à la victoire pour dire que les examens se sont déroulés dans les conditions de transparence optimales, certains peuvent émettre des doutes sur l’acceptabilité de ces résultats. À supposer que tout s’était bien déroulé pendant les examens, tout ne s’était pas bien déroulé pendant les corrections et même pendant les reports des résultats.
En effet, sous la révolution de Sékou Touré, les surveillances et les corrections n’étaient pas rémunérées, les établissements désignaient les surveillants et les correcteurs parmi leurs meilleurs enseignants. La fierté d’être désignés comme surveillants ou comme correcteurs même sans être rémunérés primait sur tout le reste. Mais depuis la deuxième république avec le libéralisme, tout est devenu monnaie payante. On a vu les chefs des services Examens des DCE et des DPE trouver le moyen de « tirer de l’huile de ce mûr ». Dès lors, on a vu des correcteurs qui n’ont jamais enseigné dans une classe d’examen se présenter à la correction, et certains de ces correcteurs ne pouvaient même pas traiter les sujets proposés aux candidats. Comment peut-on corriger un sujet dont on ne connait pas les tenants et les aboutissants ?
Cette question est d’une importance primordiale dans le système d’évaluation. Pour pouvoir évaluer à sa juste valeur , il faut avoir la capacité de disséquer  la réponse d’une question pour donner une note. Exemple : une question notée sur 4points, le correcteur doit être à mesure de déterminer le pourcentage de bonnes réponses. S’il donne 2 sur 4 points, cela signifie que le candidat a répondu à 50% de la question. Plus exhaustivement, 2 copies ayant approximativement répondu à 50% peuvent ne pas avoir la moitié de la note au même titre , puisqu’il y’a aussi les tournures,  les fautes d’orthographe et autres considérations, qui malheureusement ne sont plus tenues en compte par les nouveaux enseignants ( système LMD). Il est important, sinon primordial, d’enseigner la technique d’évaluation aux enseignants à tous les niveaux du système éducatif guinéen. Il est important aussi de noter que la double correction prônée n’est que poudre aux yeux, car cette double correction donne lieu à un divertissement entre correcteurs. Pour vérifier que les copies ont été corrigées dans toute la rigueur et dans tout le serieux recommandé, il suffirait 《d’auditer》 les copies les plus bien notées par des correcteurs attitrés après coup. À cette question, il faut se demander s’il y’a de vrais évaluateurs dans le système éducatif actuel.
C’est le premier point important à relever dans l’évaluation des résultats. Nous reviendrons pour parler d’un autre point nodal prochainement.

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