Editorial – Communales 2018 : et c’est maintenant que le plus dur commence ! ( Par Camara Ibrahima Sory)

Depuis 2005, les Guinéens renouvellent, pour la première fois, les instances dirigeantes à la base. Un apprentissage de la démocratie locale qui se relance et qui pourrait redistribuer les cartes politiques dans le pays.  Mais au regard de la complexité et de l’intensité du travail qui les attend, les futurs élus locaux ne dormiront pas longtemps sur leurs lauriers.

Les Guinéens entament une nouvelle semaine avec la gueule de bois. Un réveil frustrant qui succède à un dimanche électoral marqué par une forte abstention et rythmé par des accusations réciproques de fraudes. Certains n’hésitent plus à parler de pagaille électorale au moment où d’autres pointent l’hégémonie invétérée du pouvoir ou prédisent une nouvelle bérézina de l’opposition. Alors que les hommes politiques patientent désormais, fiévreux et tendus, la publication des résultats, les mairies font leur ménage dans l’attente de leurs nouveaux timoniers. Une révolution qui sourd des urnes plus d’une décennie après et qui doit déteindre sur la gestion des collectivités à la base.

Sans tomber dans un scepticisme béat, il faut néanmoins reconnaître que cette gestion n’augure pas de lendemain sans embarras. Parce que les candidats n’auront pas suffisamment expliqué les tenants et les répercussions de leurs programmes, se bornant pour la plupart à des attaques personnelles qui rament à contresens du développement des communes et districts du pays. La plupart des Guinéens qui ont voté ce dimanche l’auront donc fait sur la base de leur exaltation militante et non sur un programme bien déterminé et bien maîtrisé. Et comme à la présidentielle, l’histoire se répète, toujours aveugle avec cette litanie de promesses « surréalistes » et ces interférences de « patrons » qui n’auront laissé aucune chance aux citoyens de réclamer les vraies réponses pour des questions critiques.

Mais après avoir raté cette opportunité durant la campagne et au risque de manger leur pain blanc les premiers, les Guinéens devront refuser d’accorder le blanc-seing aux élus locaux qui ne seraient pas là pour impulser le développement de leurs localités. Ils doivent savoir que, selon le code qui les régit, les collectivités locales ont pour missions, entre autres, de contribuer à la distribution de l’eau potable, à la réalisation et à l’entretien des postes et centres de santé, au nettoyage des rues et espaces publics, au contrôle des services d’hygiène, à la protection de l’environnement et même à la lutte contre les incendies ou les feux de brousse dans les zones relevant de leurs juridictions. Des tâches titanesques qui conditionnent le bien-être des citoyens et auxquelles les élus devront s’attaquer immédiatement : le manque d’eau potable, de structures de soins, de formation, de salubrité, se posant dans toute l’acuité commune aux  problèmes de société en République de Guinée. Comme quoi, il pourrait y avoir loin de la coupe aux lèvres !

En l’absence donc de véritables débats pré-électoraux, c’est un devoir de vigilance civilisée qui s’impose pour que ces prérogatives s’accomplissent au profit de tous. C’est en cela que ces élections communales revêtent tout leur intérêt et c’est en cela que c’est maintenant que le plus dur commence pour nos élus locaux.

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