Le processus judiciaire sur les massacres du 28 septembre 2009 suit son cours en Guinée. Cette semaine, c’est l’un des accusés les plus attendus à la barre, Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba de comparaître. Dans son intervention, l’accusé est revenu sur les conditions dans lesquelles les militaires sont arrivés au pouvoir suite au coup d’État de 2008. Extrait.
« Par rapport à cette situation, Dadis fait venir un féticheur. On a juré moi, Dadis et Marcel. Il a ajouté que celui qui trahit entre vous prendra une balle. Le féticheur a été clair. Il dit c’est vous qui savez si vous allez prendre. Le Président a été le premier à manger, ensuite moi…on a tous mangé. Il y a ce pacte entre nous. Après le jour maintenant, nous étions dans un motel à Kipé à partir de 00h. Dadis c’est quelqu’un, il se repose pas. Il travaille à tout moment. S’il veut se reposer , il faut que son chauffeur le fasse marcher en voiture. Il ne mange pas, toujours calcul de pouvoir. Il y a Beugré dont on parle qui a beaucoup travaillé dans l’arrivée au pouvoir – là. Et qui n’a pas de niveau, mais son effort, il a bénéficié. Vous allez connaître tout aujourd’hui , afin que le ministère public puisse savoir qui doit aller à la maison et qui doit rester. Ce jour, vers zéro heure, c’est Beugré qui m’a appelé pour me souffler que le Président (Lansana Conté) est mort. J’étais avec le Capitaine Moussa Dadis dans un motel. Je l’ai réveillé et je lui ai dit, lève-toi, le Président est mort. Tout de suite, il m’a dit allons en ville. J’ai dit, non. Si on va là bas, ils vont nous prendre. Habille-toi et vas au camp Alpha Yaya Diallo. Il relevait du camp camayenne, donc c’est lui qui dirigeait les hommes là-bas parce que sa voix passait. Mais toujours nous sommes ensemble en réunion… Je lui ai dit cherche à confirmer. Il a appelé ses relations qui ont confirmé. Tout de suite, l’énergie lui est revenue. Il a dit Toumba allons en ville. Je lui ai dit on va pas en ville, sinon on risque de se faire prendre. Je dis donne moi l’argent, il me donne l’argent. Prends ton véhicule, rendez-vous au camp Alpha Yaya. Il dit t’as raison. Nous étions au nombre de 16. J’ai reparti l’argent. J’ai dit allons au camp. Marcel était avec moi. J’ai dit à Marcel , toi tu habites au camp, donc rentre et habille – toi et prépare le terrain. C’est ce qui fut fait. Marcel et les autres sont venus, Dadis aussi avec les autres au camp. Il y avait déjà le Général Sékouba Konaté qui commandait le BATA, il était fort ; et, logiquement, Dadis relevait de lui, même s’il a été après nommé directeur général des hydrocarbures. Mais, le Général Toto avait déjà pris le camp, plusieurs unités étaient dans ses mains. Sékouba Konaté et Dadis étaient des rivaux , et ses hommes étaient pour lui pour qu’il prenne le pouvoir aussi. Donc Dadis est venu au camp. Général Konaté est basé là-bas. On m’appelait partout de venir. Et je suis arrivé. Mais pendant ce temps, le Général Toto a pris tout le camp. Il a prit le pouvoir donc. . . Quand je suis venu, tous les officiers étaient au bataillon dans la salle de réunion, le pouvoir est pris par le Général Toto, devant Dadis, Konaté et les autres officiers. Mon frère Tiégboro assurait le secrétariat. Tous les autres sont assis. C’était fini. Mais moi j’ai promis Dadis et on a pactisé, il m’a m’a rassuré et je l’aime. Le Colonel Tiégboro assurait le secrétariat pour le Général Toto. Je suis venu dégager le gardien, j’ai brisé la porte, je suis entré. Il y a eu silence. Le Général Toto, en balayant du revers de sa main, il dit mais ça c’est l’indiscipline. Je dis quoi, je dis là où t’es, tu es arrêté, tu bouges pas. Pour preuve, le seul civil, Demba Daffé, aujourd’hui député peut confirmer. C’est ainsi qu’ils sont sortis. Mon patron Dadis est venu maintenant. Et à Bata, on a imposé Dadis, pour lui dire que c’est le Président.»
Transcrit par Gassime Fofana